Les questions politiques, essentielles certes, ont éclipsé celles économiques et financières. Pourtant, ces dernières sont vitales. Financièrement, un pays qui dépense et qui s’endette, c’est comme un ménage. S’il vit au-dessus de ses moyens, le ménage sera socialement isolé.
Si ses dépenses courantes — manger, payer son électricité et son eau, ses soins, s’habiller, se déplacer — sont supérieures à ses revenus, il sera obligé de vivre à crédit ou de s’endetter. Que ce soit un ménage, une entreprise ou un Etat, les similitudes ne manquent pas. On vit au-dessus de ses moyens, on s’endette. Après, on va s’endetter pour payer ses échéances de dette. Si la Tunisie était une entreprise, elle serait mal notée sur le plan financier : elle paierait tardivement ses fournisseurs, elle aurait des déficits chroniques et de plus en plus élevés, elle aurait des filiales qui aggravent sa situation financière et une masse salariale colossale.
Le FMI est une institution internationale chargée de la stabilité économique et financière du monde. Elle prête à un pays quand il prouve qu’il a une capacité de remboursement. Aucune banque ne prêterait à un ménage qui vit au-dessus de ses moyens et qui refuse de contrôler ses dépenses. Or, les problèmes sont connus, masse salariale dans l’administration, entreprises publiques qui perdent de l’argent, subventions de l’Etat, et plus on tarde à les résoudre, plus ce sera lourd, difficile, compliqué, douloureux.
Question, donc, y a-t-il des solutions pour résoudre ces problèmes d’une manière progressive, mais avec crédibilité et détermination ?
Le Président Kaïs Saïed a tous les pouvoirs et, en plus, il est populaire. Il faudra saisir cette fenêtre d’opportunité pour réformer. Il ne s’agit pas de priver X ou Y de ses revenus ou de détruire le pouvoir d’achat. Il s’agit simplement de dépenser à hauteur de ses ressources.
Si un père de famille perçoit 1.000 dinars par mois, il ne doit pas dépenser 1.500 dinars chaque mois, pendant 10 ans. Jusqu’à la révolution, faut-il le rappeler, la Tunisie était gérée comme un bon père de famille, elle doit le redevenir.
La solidité économique, la crédibilité financière, l’état des finances publiques sont des conditions sine qua non de l’indépendance, de la souveraineté et du respect dans le concert des nations. Les banques se précipitent pour prêter aux grandes entreprises bien gérées. Il doit en être ainsi pour la Tunisie.